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Le Dauphiné Libéré - 17/06/08
DRAME DE CASTRES-MAZAMET Après la mort du pilote viennois

L'enquête se poursuit

Après le décès, samedi, de Pierre Yout, lors d'un meeting aérien sur l'aéroport de Castres-Mazamet, dans le Tam, la douleur est toujours vive parmi les membres de l'aéro-club de Vienne-Reventin, auquel le pilote appartenait. Originaire de Vienne et âgé de 60 ans, Pierre Yout est mort à bord d'un Racer formule 1, alors qu'il effectuait un vol de repérage avant une compétition, le Dreamsky Tour, qui devait être l'un des moments forts du meeting. Le Racer est en quelque sorte le bolide des airs; il s'agit d'un petit avion extrêmement rapide qui permet de faire la course, parfois à dix mètres d'altitude et en passant entre des pylônes, à près de 350 km/h.
Président de l'association des pilotes d'avions de formule (Apaf) et lui-même pilote très expérimenté (il comptait 1.250 heures de vol dont 350 sur Racer), Pierre Yout, samedi, était aux commandes de son avion, le 47 Harmattan, quand celui-ci est brusquement parti en zigzag avant de tomber en vrille au sol et de s'enflammer, sous le regard consterné de nombreux spectateurs.

Alors que les autres pilotes engagés dans la compétition étaient pris en charge par une cellule psychologique, la carcasse de l'appareil était placée sous embargo; quant au meeting, il était annulé.

" Des vérifications impres-sionnantes à faire "
Depuis ce week-end, l'appareil a été placé sous scellés. L'enquête judiciaire a été confiée à la brigade de gendarmerie des transports aériens de Toulouse, qui devront déterminer les causes du drame. "L'enquête s'annonce difficile; il y a un nombre de vérifications assez impressionnantes à faire" confiait hier Danielle Drouy-Ayral, la procureure du tribunal de grande instance de Castres.
Alors que des témoins auraient fait état d'un élément qui se serait détaché de l'appareil, juste avant le crash, la magistrate ne souhaitait pas, néanmoins, en dire plus. "On avance l'enquête ; on y verra peut-être plus clair d'ici quelques jours ", poursuivait-elle. Quant à la victime, elle a fait hier après-midi l'objet d'une autopsie ; on ne sait pas encore, toutefois, quand le corps sera rapatrié sur Vienne.


Pierre Yout(*) était un membre très actif de l'Aéro-Club de Vienne Reventin. Il était titulaire d'une licence de pilote privé depuis 1974.

Les enquêteurs, qui avaient lancé un appel à témoins, commencent aussi à éplucher les images du crash qu'ils ont pu récupérer et à auditionner les témoins du drame.
(*)Pierre Yout était un ancien élève du collège Ponsard
Georges AUBRY

Le Dauphiné Libéré - 02/09/08
Jean-François Abert

La plume et le goût

Journaiste et écrivain, Jean-François Abert est décédé vendredi dernier à l'âge de 64 ans. Viennois d'origine, demeurant à Lyon, il était le fils de Georges Abert qui fut premier adjoint de la municipalité du docteur Maurice Chapuis, à Vienne.

Journaliste et écrivain
Après des études secondaires viennoises à l'institution Robin et au collège Ponsard, Jean-François Abert poursuivit sa formation littéraire en hypokhâgne à Paris. Il amorça une carrière d'enseignant à la fin des années 60 au lycée de jeunes filles de Vienne, puis au lycée EDF à Lyon. Mais très vite, il choisit sa véritable voie qui passait par l'écriture. C'est donc tout naturellement qu'il devint journaliste d'abord à "Lyon Poche", au début des années 80, puis au journal "Libération". Serge July le nomma responsable de la rubrique culturelle du journal, de 1986 à 1994. Jean-François Abert participa aussi à l'aventure lyonnaise du quotidien, notamment comme rédacteur en chef adjoint.
C'est durant cette période qu'il fit ses premières armes d'écrivain sur l'un de ses terrains de prédilection qu'il ne quittera plus la cuisine et par extension l'amour des vins. Il signa ainsi un premier essai, en 1994, intitulé "Le Génie des saveurs". Le titre de ce premier opus résumait déjà à lui seul le tempérament de l'auteur.

Un passionné de gastronomie
En 1996, en collaboration avec son ami Alain Chapel, le chef trois fois étoilé de Mionnay, il publia "La cuisine, c'est beaucoup plus que des recettes". Ces années furent marquées par les textes qu'il écrivit aussi sur deux autres géants de la cuisine française, ses amis Pierre Gagnaire et Régis Marcon, ainsi que par sa collaboration à diverses revues comme Journaliste indépendant. Ainsi, Jean-François Abert a collaboré à de nombreux titres dont "Cuisine et vins de France", Cuisine et terroir", le 'Gault et Millau", 'L'amateur de cigare", "Le nouvel économiste". Son pseudonyme, Jean-François Werner, le fit connaître au Dauphiné libéré, pour ses chroniques gastronomiques hebdomadaires.
Homme de plume, de goût et d'humour d'une érudition rare, Jean-François Abert était aussi un homme d'une grande sensibilité, d'une extrême gentillesse et d'une fidélité à toute épreuve en amitié comme dans ses passions. Fou de littérature -avec une prédilection pour les auteurs de sa chère Irlande et un amour véritable du roman policier- il possédait aussi une passion pour le cinéma, le théâtre et le jazz auquel il s'intéressa très tôt. Il fut d'ailleurs dès 1981 et jusqu'au mois de juillet de cette année, le fidèle et exigeant chroniqueur de Jazz à Vienne, pour le Dauphiné Libéré.

Jean-François Abert était un collaborateur précieux du Dauphiné Libéré, avec ses chroniques gastronomiques et ses comptes rendus des concerts du festival Jazz à Vienne.


Jean-François Abert était également l'auteur d'une pièce de théâtre écrite pour Gérard Guillaumat et jouée au TNP de Villeurbanne :"Passé cinq heures".
Assurément, avec Jean-François disparaît un homme d'exception dont l'entrain communicatif et le bonheur de vivre manquent déjà à celles et ceux qui le côtoyaient.
Comme l'écrivait John Butler Yeats, poète (forcément) irlandais que ne reniait pas notre ami, "la personnalité a trop à dire pour la parole mortelle".
 
Le DL/Jean-François SOUCHET