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Le Dauphiné Libéré - 14/11/10

FIGURE VIENNOISE
Yab(*), scénographe et affichiste du festival "Sang d'encre"

L'artiste drôle et caustique !


Yb revendique un certain éclectisme dans ses inspirations, néanmoins son travail de dessinateur reste très influencé par l'auteur de BD, Loisel, " un maître " en la matière. Yab s'adonne aussi parfois à la peinture. Pour lui, il s'agit avant tout de " dépeindre la noirceur de l'homme mais avec de belle couleurs ". Décalé et ironique, il aime que l'art pousse l'esprit dans ses derniers retranchements.

COTÉ PERSO
Yannick Bailly, dit Yab, est né le 16février1971 à Lyon. Il a grandi à Vienne où il a fait toute sa scolarité avant de poursuivre des études de chimie à l'université Claude Bernard de Lyon. Il voulait être ingénieur écologue.
" Au bout de la deuxième année, je me suis rendu compte que j'avais plus de croquis sur mes pages de cours que de cours en eux mêmes."
Il prend alors rapidement sa décision et bifurque. Pris aux Beaux-Arts de Saint-Étienne, il leur préfère l'école de dessin Emile-Cohl à Lyon. "A Saint-Étienne, ils avaient retiré la base du dessin de leur enseignement, or c'est ce que je recherchais. De plus, mon truc, c'était de faire de la BD. Mais j'ai trouvé à l'école tellement d'autres choses à faire que la BD reste un voeu pieux."

Depuis l'antre (pour ne pas dire le Capharnaùm) qui lui sert d'atelier dans la vallée de la Gère, Yab porte son regard sur le monde. Et l'artiste oscille dans une palette de couleurs assez large : du vert pour sa sensibilité écolo (il adore les arbres, sic) au noir pour une forme de cynisme non dénué d'humour. Ce Viennois à l'aise dans ses baskets semble prendre la vie comme elle vient. Et multiplier les activités: du dessin à l'escalade, en passant par l'escrime, il parcourt (en vélo, green attitude oblige !) les rues viennoises avec bonhomie.

Sang d'encre et Yab : 15 ans de conjugaison décalée et ironique
Et si sa vocation première l'a conduit sur des voies scientifiques, il avoue avoir toujours eu un crayon dans la main. " J'ai la chance d'avoir des parents qui m'ont mis des outils sous la main très tôt. Mais dessiner est resté très longtemps un hobby pour moi". Jusqu'au jour où sa vie change de cap. "Je n'ai jamais regretté ", précise Yab en souriant.Sa rencontre avec le festival du roman policier Sang d'encre remonte à une quinzaine d'années maintenant. Leurs chemins se sont croisés un peu par hasard.

"J'étais en dernière année d'école d'art et je savais que j'allais faire mon service militaire au sein de la MJC où ils venaient de lancer la première édition. Ils cherchaient un affichiste. Ce que je leur ai proposé a plu et ils m'ont gardé. "
Yab est donc devenu l'affichiste du festival. Mais pas seulement. "Avec Guy (Girard, le directeur de la MJC, NDLR), nous avons commencé à réfléchir comment le salon allait se présenter. On ne voulait pas le truc habituel des tréteaux avec des livres posés dessus."
Dès le départ donc, une volonté de scénographier la salle a émergé. "Et c'est monté en puissance On a beaucoup d'ambition et parfois c'est même trop, voire un peu barjo. Heureusement on a une équipe fantastique. Dont la plupart sont des potes. "C'est un moment intéressant où on se retrouve pour travailler, pour faire vivre cette salle, avec cette ambiance si particulière des techniciens du spectacle. Souvent j'ai une idée que je leur lance et après ils me font des propositions, notamment au niveau de l'éclairage. C'est plus qu'un partage de savoir-faire mais une véritable conjugaison. C'est comme ça que je le conçois. "Avec un goût très prononcé pour le détail, Yab essaie de se renouveler chaque année. Rendez-vous donc le week end prochain pour découvrir ses nouvelles inspirations.


Frédérique VUILLAUME

Yannick anime, entre autres, un club de "grimpe" d'arbres, Sherwood, fait de l'escrime et même s'il ne peut plus y jouer pour cause de blessure, soutient assidûment l'équipe de handball de Vienne. Il est aussi papa de deux garçons de 6 et 10 ans.

COTÉ PRO
Objecteur de conscience, il termine ses études et intègre la MJC de Vienne. Pendant deux ans, il occupe un poste d'animateur. " Je m'occupais des jeunes du quartier autour du jardin public. On a construit des choses avec eux. Et ce temps passé sur le quartier, cela reste quelque chose de très positif, tant par le temps passé que par le résultat. " Un projet professionnel plus tard, et le revoilà de retour à la MJC de Vienne en 2001. " Je m'occupe surtout de la formation d'animateur et des moments, on va dire, culturels de la MJC. " Comme le festival Sang d'encre justement.


(*) Ancien élève de Ponsard (NDLR)

Coup de coeur
"La vie présente assez de richesses pour se réjouir comme pour s'insurger d'ailleurs.
Après si je dois vraiment choisir, je dirai globalement que mon coup de coeur actuel se porte sur la dynamique ambiante de prise en compte de l'écosystème. On se rend compte qu'on peut construire avec la nature. Je me réjouis de la prise de conscience sur l'environnement qui fait que l'on considère le monde comme un partenaire, non comme un esclave. "
Coup de gueule
"Je pense au manque d'accès à la culture pour tous. Elle semble réservée à une certaine élite. On en est tous témoins on ne retrouve dans une galerie, comme au cinéma d'ailleurs, qu'une certaine catégorie de la population. L'accès à l'art reste quelque chose de pas vraiment démocratisé. Il y a un mouvement culturel que la MJC organise qui va à contre-courant : la Caravan Jazz. Il amène l'art, ou du moins quelque chose de qualité, à des populations qui n'y ont pas forcément accès et mélange toutes les couches de la population."

Le Dauphiné Libéré - 19/11/10

Festival sang d'encre

Contrôles d'identité

Dans tous les domaines artistiques, mais plus encore en littérature policière, peut-être, le recours à un pseudonyme pour signer une oeuvre est une démarche fréquente. Les exemples célèbres sont légion, qu'il s'agisse de Georges Simenon (Christian Brulls, Georges Caraman, Jacques Dersonne, Jean du Perry, Maurice Pertuis, Georges Sim, Gaston Vialis, etc. une trentaine au total) ou de Frédéric Dard qui, avant de devenir célèbre avec San-Antonio, a signé de trente ou quarante noms différents, comme Max Beeting, Éliane Charles, Leopold Da Serra, Antonio Giulotti, Kilt Him, Cornel Milk, F. D. Ricard...
Cette volonté de dissimuler sa véritable identité peut s'expliquer par plusieurs raisons. Fréquemment, les auteurs de policiers ont un second métier (qui est bien souvent le premier, d'ailleurs !) et désirent distinguer nettement les deux activités, pour des motifs de statut professionnel, de discrétion, voire de sécurité, c'est le cas pour des policiers, des magistrats ou des enseignants.
Certains souhaitent aussi séparer les différents domaines dans lesquels ils écrivent. Ainsi, Georges J. Arnaud, l'un des plus prolifiques auteurs actuels (environ 500 ouvrages, certains écrits en un ou deux jours), signe-il Saint-Gilles, Georges Murey, David Kyne, Ugo Solenza, Gilles Darcy, Serge Sovac, Frédéric Mado, Pierre Rabeau, Laure de Sevetan, selon qu'il écrit des romans policiers, d'espionnage, fantastiques, régionalistes ou érotiques...

Secouer son arbre généalogique
Comment choisit-on son pseudonyme ? On peut jouer sur son propre patronyme, on l'a vu avec Simenon ou Frédéric Dard. Gilbert Gallerne, l'un des invités de Sang d'Encre, a longtemps signé Gilles Bergal. Sébastien Japrisot ("L'été meurtrier") avait choisi l'anagramme de Jean-Baptiste Rossi, sa véritable identité.
Souvent, il suffit de secouer un peu son arbre généalogique pour en faire tomber prénoms désuets ou patronymes oubliés


Sous les noms de Franck Pretty et Pancho Hermoso, se cache un auteur viennois bien connu, François JoIy(*).

Parfois, c'est encore plus simple. Gérard Jouanet a tout simplement accolé les prénoms de ses deux filles pour devenir Alix Clémence. François Joly a un autre procédé la traduction littérale, en jouant sur le mot "joli". Il signe donc des nouvelles américanisantes Franck Pretty, ou Pancho Hermoso, qui a la même signification en espagnol On peut lui suggérer Chico Bonito pour un roman à la brésilienne ou Ferenc Czinos s'il déplaçait l'action Budapest.
Ce qui est certain, nous confié un grand utilisateur de pseudonymes, c'est que "ce choix n'est jamais innocent et qu'il entretient toujours un rapport étroit, généralement caché, avec sa véritable personnalité. Et être le seul à connaître ce rapport est sans doute, pour celui qui l'a créé, un plaisir supplémentaire".


Jean-Yves ESTRE

.(*) Ancien élève de Ponsard (NDLR)