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Le Dauphiné Libéré - 09/07/10

TROIS QUESTIONS À

Jacques Billon(*), nouveau président du Rotary Club


"Lutter contre l'alcoolisme des jeunes"
- Vous succédez à Gérard Prost à la présidence du Rotary viennois. Quelles seront vos priorités?
"Nous allons continuer le parrainage des enfants en difficultés; nous en suivons déjà huit, nous espérons pouvoir aller à dix. Nous poursuivrons les actions internationales du Rotary, nous allons ainsi verser 1000 Euros au profit de Polio Plus, qui oeuvre pour l'éradication de la polio dans le monde, notamment au Ghana, au Nigeria et au Bangladesh. Et nous continuons nos relations avec le club contact de Karlsruhe, avec qui nous irons à Paris à l'Assemblée nationale et au musée des Arts premiers. "
- Et sur le plan local?
"On continuera à intervenir dans les établissements scolaires, pour mettre les élèves de CM2 en garde contre le tabagisme. Je voudrais monter une action dans les collèges pour lutter contre l'alcoolisme des jeunes. En ce qui concerne nos relations avec les autres clubs services, nous organiserons la soirée interclubs le 17juin 2011 en renouvelant le festival des musiques militaires. "
- Quelle sera voire équipe?
"Je serai principalement entouré de Dominique
Ribeaucourt, mon vice-président, d'Alain Demarthe,
secrétaire, et de Claude Morel, trésorier. Et avec tous les
membres du club, je suis sûr qu'on va faire du bon travail. "
(*) Ancien élève de Ponsard (en 3e, en 1960-1961 - le 20/01/2004, lors d'une sortie des Anciens)


Le Dauphiné Libéré - 12/09/10

Ça roule pour l'opticien

Rencontre avec Jean-Paul Picard(*), lunetier renommé et passionné de course automobile

CÔTÉ BITUME
Tous les week-end ou presque, Jean-Paul arpente l'asphalte pour soutenir ses pilotes, engagés sur tous les fronts français, à l'image du "roi" Marcel Sapin, invaincu cette saison en course de côte (comme ici à Saint-Savin le week-end dernier.
CÔTÉ OPTIQUE
Jean-Paul Picard passe ses semaines dans son magasin d'optique situé place Miremont, de plus en plus souvent en compagnie de son fils, appelé à prendre la relève.
À Vienne, on ne se rend pas chez Picard pour remplir son congélateur. Ceux qui le pensent auraient besoin d'une paire de lunettes, ce qui tombe plutôt bien: c'est la spécialité maison depuis déjà deux générations.
Jean-Paul Picard, tout juste sexagénaire, est dans la branche depuis l'obtention de son BTS, au début des années 70. Comme ses parents, fondateurs de l'institution, et comme son fils Louis-Boris, à qui il transmet peu à peu le flambeau.
Mais voir ou conduire, il faut choisir, et Jean-Paul Picard n'est jamais parvenu à trancher! Car l'opticien de la place Miremont est aussi renommé pour sa passion folle pour le sport automobile, qui l'a vu rejoindre, à l'aube des années 80 l'écurie "Vienna', regroupement d'amateurs du genre dont il a pris la présidence (après avoir été commissaire et directeur de course) et avec qui il a organisé divers événements comme la fameuse course de côte de Seyssuel (stoppée après 26 éditions pour des questions de sécurité) et la compétition de slalom, plus récemment, à l'espace Saint-Germain.
"Pour moi, l'essentiel est d'être devant "
Jean-Paul Picard est aussi le créateur du Picard Racing, qui avec l'aide de partenaires (Mikli, Zeiss...) acquiert des voitures de course pour en confier le volant à de jeunes pilotes. Ses couleurs ont entre autres trophées, décroché le titre de champion de France 2008-2009 sur circuit. L'un de ses as a même été recruté pour participer à une manche des 24 heures du Mans.
"J'ai cette passion depuis mon enfance et c'est mon père, en m'emmenant voir des courses de côte, qui m'a donné le goût du sport auto. J'aime la compétition: pour moi, l'essentiel est d'être devant, grâce à des pilotes capables d'exploiter au mieux leurs voitures pour faire gagner leur écurie ", confiance- lui qui, paradoxalement, ne court pas. "J'ai pratiqué, mais trop peu et je le regrette. Mais maintenant que mon fils est là, je vais peut-être pouvoir un peu plus participer. Car c'est bien là le drame de ce travailleur acharné: ne pas avoir trouvé le temps de vivre à fond sa passion.

"Mon père est un vendeur hors pair, qui m'a toujours impressionné par son aisance ", témoigne son fils, âgé de 20 ans. "Mais c'est surtout un forcené de travail, un peu trop parfois. Des petits soucis de santé sont passés par là, mais n'ont pas influé sur la quantité de travail même si cela aurait dû... "

On était trois opticiens à Vienne, on doit être une
quinzaine..."

Jean-Paul Picard n'est pas prêt de se poser, par choix comme par nécessité " Aujourd'hui, les commerçants ne se mettent pas à la retraite à 60 ans ! Je vais encore travailler quelques années, le temps que mon fils "termine ses études". Le tandem fonctionne déjà, et c'est grâce aux idées glanées ça et là par le fils que le père parvient à moderniser la boutique, condition obligatoire pour résister à la crispation du métier: "Avant, on avait trois opticiens à Vienne, aujourd'hui on doit être une quinzaine, pour le même nombre d'habitants ".

La concurrence est rude, et Picard (franchise Optic 2000) doit se démarquer en usant de ses atouts : une localisation idéale et connue, une renommée bâtie sur les décennies, un magasin qui s'agrandit, une équipe fidèle (certains employés sont là depuis vingt ans), des produits haut de gamme… L'univers du commerce viennois, que Jean-Paul Picard connaît bien pour avoir présidé, durant sept ans en tout, les trois associations successives de commerçants, est parfois aussi impitoyable que celui des courses automobiles. Et à la fin, ce sont toujours les plus rusés et talentueux qui gagnent...

Philippe FRIEH

BIO EXPRESS
Jean-Paul Picard est né le 29janvier1950 à Vienne, d'un père jurassien et d'une mère viennoise. Il a effectué sa scolarité à Robin, puis Ponsard avant d'intégrer une école d'optique à Paris. Il a épousé une Viennoise, Mireille, au début des années 70, avec qu il a eu un fils, Louis-Boris, âgé de 20 ans. Jean-Paul Picard, en plus du sport automobile, pratique assidûment le ski, le tennis et la marche.
PICARD RACING
o Jean-Paul Picard a créé l'association Picard Racing dans les années 80, après avoir oeuvré pour faire passer le rallye Monte-Carlo à Vienne en 1986 (~ un grand souvenir pour la ville, dont certaines écoles avaient fermé ce jour-là! ") L'écurie rassemble une dizaine de voitures pour une dizaine de pilotes, engagés en rallye, course de côte, slalom ou circuit dans toute la France presque tous les week-ends. Picard Racing et ses partenaires mènent aussi des opérations caritatives (baptême auto d'enfants aveugles, etc.)

Coup de coeur
Coup de gueule

"On a la chance de vivre dans une ville très agréable, très proche de Lyon, avec, ce qui contribue grandement à sa renommée, son excellent festival de jazz. Durant deux à trois semaines par an, la ville se transforme pour organiser une grande fête... et cela amène beaucoup de monde dans les magasins ! J'espère que cela continuera comme ça encore longtemps !"

"Chaque semaine, c'est le même souci : il faudrait que l'ouverture des rues, le samedi après le marché, soit facilitée. On discute avec les gens qui s'occupent du marché, ils nous disent qu'ils aimeraient aller plus vite mais ne peuvent pas, à cause de certains forains notamment. On les comprend, mais c'est déjà arrivé qu'il y ait des frictions avec des gens odieux."

(*) Ancien élève de Ponsard

Le Dauphiné Libéré - 15/08/10

Il fait des mots toute une Histoire

Rencontre avec André Trabet(*), un écrivain viennois

BIO EXPRESS
André Trabet est né le 25 mai1936 à Sainte-Colombe. Il passera sa scolarité à Pont-Evêque, "ce qui n'était pas le plus marrant", puis au collège Ponsard de Vienne. A 14 ans, il commence à travailler comme terrassier au service des eaux de la ville, puis entre à la Société générale comme porteur de courrier deux ans plus tard. En parallèle, il décide, âgé de 16 ans, de reprendre des études spécialisées dans la banque en passant le CAP, puis le brevet banque et devient chef des titres. A 27 ans, il se lance dans l'immobilier, toujours à Vienne, où il devient rapidement promoteur, "avec des hauts et des bas, le drame c'est que les bas sont arrivés après les hauts."

Il crée la société Bâti'Groupe, en se spécialisant dans la création d immeubles et de villas, société dans laquelle il terminera sa carrière avant de prendre sa retraite à l'âge de 60 ans. André Trabet est aujourd'hui marié à Henriette, et a deux fils d'une première union, un beau-fils et trois petits-enfants.
C'est dans le bureau de sa villa à Estrablin qu'André Trabet a commencé à écrire le premier chapitre de son nouveau livre. "J'ai toujours eu le goût pour écrire ; avec la retraite, j'ai trouvé le temps de le réaliser ", raconte l'homme.
Oui bien sûr, il avait déjà couché sur le papier, ou plus exactement sur son ordinateur quelques idées avant de se retirer de la vie active il y a quatorze ans. Mais rien avait été publié, jusqu'à "Raconte-moi Vienne: sainte et maudite", son premier ouvrage en 2004.
"C'est après avoir dressé le constat que mes amis viennois ignoraient l'histoire de leur ville, que j'ai décidé de me lancer. il y a pourtant des ouvrages, mais ils sont beaucoup trop techniques. Alors j'ai réécrit l'histoire de Vienne dans un style de vulgarisation." France 3 en a ensuite réalisé un docu-fiction. " Pour un premier essai, ce n'était pas si mal. " Et aujourd'hui, il dénombre quatre autres oeuvres signées de son nom et une nouvelle en préparation pour le printemps 2011.

"Une belle évolution pour un autodidacte"
Une revanche sur lui-même puisque sur les bancs de l'école, André Trabet ne faisait pas partie de ce que l'on appelle les bons élèves, il ne s'était pas non plus lancé dans une carrière littéraire.

"C'est une belle évolution pour un autodidacte ", aime-t-il dire. Pourtant aujourd'hui, s'il se reconnaît plus comme un narrateur que comme un écrivain, il fait un peu figure d'expert en matière de lettres. Preuve en est, lorsque Samina (lire ci-dessous) a voulu relater son histoire, c'est vers lui qu'elle a été dirigée pour écrire sa vie. "La biographie, c'est un style auquel je n'ai jamais été confronté ", admet l'amateur des belles phrases qui va donc se lancer dans l'aventure de son sixième livre. "C'est l'histoire d'une vie qui s'inscrit dans la grande Histoire. "Là, je cherche avec Samina quel est l'événement de sa vie qui va attiser la curiosité des lecteurs."
Mais cet amoureux de l'art écrit aime également jouer avec les mots. Outre son grand jardin à entretenir, son goût pour la cuisine, les nombreuses conférences qu'il donne dans la région sur l'histoire de Vienne et les Templiers - sujet sur lequel il a d'ailleurs écrit un livre - André est aussi cruciverbiste et réalise des grilles de mots croisés. Il a également créé ' Intellude", un jeu sur les racines grecques et latines, "une belle réussite intellectuelle, mais un bel échec commercial", alors qu'il ne parle pas du tout ces deux langues anciennes. Passionné? "Non, cela voudrait dire que je n'ai qu'une seule passion alors que je m'intéresse à beaucoup de choses.

Je préfère dire que j'ai un vif intérêt pour l'étymologie, l'histoire et la religion. Aujourd'hui, pourtant à la retraite, c'est le temps de faire des recherches historiques qui lui manque.

"Organiser la commémoration du concile de Vienne"

Un autre de ses prochains grands défis va pourtant le plonger au Moyen Âge, puisque Jacques Remiller, le député-maire de Vienne, lui a confié l'organisation de la commémoration du concile de Vienne de 1311-1312.
"J'ai pris Sa demande comme une grande marque de confiance. Je pense qu'elle était motivée par le fait que j'ai écrit un livre sur Les Templiers, donc je connais bien le problème, et il a également vu le travail que j 'avais réalisé avec France 3. Le programme n'est pas définitivement arrêté mais les festivités essentielles ont toutes été décidées."L'association Concile et Templiers", qu'André Trabet préside, a d'ailleurs été constituée en vue de cette célébration, dont les premiers rendez-vous seront donnés en octobre 2011.
"À la fin des festivités, j'aurai 76 ans, alors on verra pour mes projets. Dans les tablettes de ma cervelle, j'ai deux [ivres que je voudrais écrire pour transmettre." Quoi? Cela, il faudra le lire un peu plus tard...

André DIGONNET

Coup de coeur
Coup de gueule

"Je suis très heureux de la restauration en cours de la cathédrale Saint-Maurice. Elle est magnifique et c'est, à mon avis, le plus beau monument de Vienne, même si mon lieu préféré reste le belvédère de Pipet. On parle toujours des autres cathédrales en France, mais pourquoi négliger la nôtre, tout simplement parce que jusqu'à présent, elle n'était pas mise en valeur? Pour l'image de Vienne, la cathédrale se devait en tout cas d'être plus présentable et mieux habillée."

"Je trouve que la ville de Vienne souffre d'un déficit de notoriété. Il est impensable qu'avec une telle richesse patrimoniale, Vienne ne soit pas plus connue. Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, les élus viennois n'ont pas été à la hauteur pour faire briller et connaître cette ville. C'est en organisant des manifestations comme la commémoration du Concile ou des grands événements que Vienne pourra avoir la notoriété qu'elle mérite.."

(*) Ancien élève de Ponsard (en 6e, en 1947-1948 - le 24/01/2009, lors du salon "Les écrivains ponsardiens"

Le Dauphiné Libéré - 28/11/10

Le flic qui adorait voler

Rencontre avec Marcel Ailliot(*), figure de l'aéro-club et ex-commandant de la PJ lyonnaise

BIO EXPRESS
Marcel Ailliot est né àVienne le 8 septembre 1942. Fils unique, il résidait à Sainte-Colombe, où ses parents, musiciens recrutés par les établissements Pascal-Valluit, s'étaient installés. Après une scolarité classique (collège Ponsard), il devance l'appel et fait la guerre d'Algérie dans l'armée de l'air, comme contrôleur aérien. A son retour, il entre dans la p olice: motard à la CRS 45 à 2lans, il passe le concours d'inspecteur de police et est nommé à Lyon au commissariat Bourse-Bellecour, avant d'être affecté au groupe de répression du grand banditisme. résident de l'aéro-club de Vienne (basé sur I'aérodrome de Reventin durant 36 ans, il en est aujourd'hui vice-président d'honneur. Il a été nommé Chevalier de la Légion d'Honneur, il a aussi été décoré de la médaille aéronautique et de la médaille pour actes de courage et de bravoure.
Marié en 1962 ,il a eu trois enfants, deux garçons et une fille.

Ce n'est ni la taille, ni les moustaches. Encore moins les lunettes. Mais il y a du Jean-Paul belmondo chez Marcel Ailliot, à la croisée de "Peur sur la ville", "Flic ou voyou" et "L'As des as"

Il y a ceux, trop nombreux, qui prennent la plume mais qui ne devraient pas. Marcel Ailliot, lui, ferait plutôt partie de ceux qui n'écrivent pas. Mais qui devraient... "Je suis beaucoup trop ramier pour ça", rigole-t-il sous ses moustaches...
Dommage, car l'ex-commandant de la PJ lyonnaise, après une quarantaine d'années de lutte contre le grand banditisme, aurait pas mal d'histoires à raconter. C'est lui qui, en 1975, a permis l'arrestation des ravisseurs du petit Mérieux. Un épisode parmi d'autres du gang des Lyonnais à Khaled Kelkal, les truands tombés dans les filets de son service se comptent par dizaines...
C'était l'époque, teintée d'un certain romantisme que le cinéma a toujours aimé à exalter, des flics et des voyous, avec leurs codes, un certain respect mutuel, parfois. "Je suis resté plutôt proche d'un gars que j'ai arrêté, Didier Chamizo, un ex-braqueur qui est aujourd'hui un peintre très réputé", confesse ainsi l'ancien policier.


Il arrête son ancien copain de classe devenu terroriste
Natif de Sainte-Colombe, il a aussi contribué à mettre sous les verrous un ancien camarade de classe, devenu chef de la branche lyonnaise d'Action directe: "cela fait drôle de passer dix ans au bahut avec un mec et de le retrouver dans ce genre d'affaires, bien plus dures que les braquages".

La violence, Marcel Ailliot a appris à vivre avec. Pris dans sa carrière sous plusieurs fusillades, il ne regrette rien: "c'était un boulot prenant, qui demandait beaucoup de sacrifices du côté de la famille et des amis. Et il fallait être bien dans ses bottes... "
Par bonheur, il a pu compter sur une épouse compréhensive. Maguy, qui "a toujours accepté, même si elle a eu peur, parfois ", est-elle la seule à faire trembler l'ancien super-flic ? " En fait c est Marguerite, mais je n ose pas le dire!"
Marcel Ailliot est aussi toujours parvenu à s'évader. Sa soupape, c'était les airs, qu'il a toujours aimé explorer aux commandes d'un avion: "c'est venu par un vieil ami de la famille, un ancien pilote. Avec les copains, on faisait des modèles réduits, on a commencé à fréquenter l'aéro-club de Vienne, à faire du vol à voile, puis à piloter des planeurs. .Il décroche son brevet en 1956, avant son permis de conduire.
"C'était une époque bénie... Toute ma vie j'ai volé!" Toute sa vie ou presque, puisque de récents ennuis de santé lui ont valu une interdiction de tenir le manche, ce qui ne l'empêche pas le continuer à tutoyer les nuages en compagnie de ses copains de l'aéro-club.

Ombre et lumière
Il n'y a que deux mois, d'ailleurs, qu'il en a lâché la résidence, après trente-six années de service, marquées par des joies, comme le maintien de l'aérodrome menacé par la construction d'une usine, et par des instants plus sombres, comme la disparition il y a deux ans, de deux membres du club dans des crashs...
Marcel Ailllot en connaît un rayon sur la gravité de la vie. Il a côtoyé la mort durant sa carrière, mais c'est sur un plan plus personnel qu'il a vécu "ce qui peut arriver de pire ", la mort accidentelle de l'un de ses deux fils sur une route de la Drôme. Il était policier, comme son père. Et comme son frère, commandant de CRS à Bergerac. Le virus a bien été transmis... À la retraite depuis douze ans, le chevalier de la Légion d'Honneur Marcel Ailliot n'a toujours pas pris le temps d'atterrir : un temps candidat sur la liste PS aux municipales de Vienne, en 2001 (et plutôt heureux d'avoir perdu), il fut durant cinq ans président de l'office municipal des sports. Il est aujourd'hui jury pour le festival Sang d'Encre, où il lit des polars " bien plus réalistes que ce qu'il peut voir à la télé " et consacre le peu de temps qu'il lui reste à profiter d'un petit coin de Drôme qu'il affectionne, du côté de Saillans, "J'ai eu une vie bien remplie ", reconnaît-il... De quoi noircir quelques pages, si l'envie lui venait...

PhIIIppe FRIEH

Coup de coeur
Coup de gueule

"Le coucher de soleil derrière le Mont-Pilat... Cela me rappelle la baie d'Halong, que je n'ai jamais découverte mais que j'ai vue à la télé. C'est un endroit que j'aime beaucoup, que je parcours régulièrement en marchant. Quand il fait très beau, en fin de journée, c'est magnifique et cela m'émeut depuis des années ! "

"Il faudrait qu'un jour les gens commencent à penser à l'environnement, qu'ils arrêtent de jeter leurs détritus dans les fossés... Car on le paiera un jour, c'est certain. Et j'en profite aussi pour dire qu'il faut arrêter d'inonder les associations de textes de plus en plus draconiens, car les jeunes vont finir par totalement déserter... "

(*) Ancien élève de Ponsard (en 1e B, en 1960-1961)

Le Dauphiné Libéré - 29/11/10

Vienne aussi a sa Tour rose


LA MAISON "RENAISSANCE"
La demeure (ou plutôt parcelle) du 10 rue de l'Eperon est un ensemble de pièces et coursives (certains murs datent du Moyen-Age) ceinturant une cour centrale venue harmoniser le tout au milieu du XVIe siècle. Le propriétaire de l'époque (et commanditaire, donc, des travaux) n'est pas connu mais l'on sait qu'un siècle plus tard (1656), la maison appartenait à un "conseiller du roy", Benoict Mourel. C'est le grand-père de Jean-François Merle, Hubert Merle, qui a acquis la maison et s'en servait comme atelier de stockage pour son entreprise de vitrerie-miroiterie, attenante. Le chantier de restauration, ouvert en mai 2009 et achevé en octobre dernier, a été supervisé par l'architecte Gaétan Brouard. Outre huit logements sociaux, l'édifice devrait accueillir bientôt un local pour profession libérale.

On le sait, Vienne fourmille de trésors cachés, dans son sous-sol comme derrière les façades de ses immeubles. Cela peut faire rêver quelques romantiques, mais cela génère surtout d'infinies frustrations chez les amoureux du patrimoine local Car une large part de ces richesses, appartenant à des particuliers, reste soumise au bon vouloir de propriétaires rarement ouverts à la question, faute de moyens ou d'intérêt.
L'initiative de Jean-François Merle(*), Viennois viscéralement attaché à sa ville, ressemble à une oasis dans le désert. En trois ans, il a mené à bien un projet pharaonique rendre ses lettres de noblesse à une vieille demeure du XVIe siècle, au beau milieu du centre ancien (rue de l'Éperon), pour en permettre l'accès aux guides conférenciers de l'office de tourisme.
Dans cette jungle de pierre, enchevêtrement de pièces que les siècles ont transformées en labyrinthe, Jean-François Merle a trouvé les ressources (il a intégré dans la restauration, totalement respectueuse de l'aspect et des matériaux d'époque, la réalisation de huit appartements sociaux) pour réveiller le passé.

Et l'ensemble, stupéfiant aux dires de tous les observateurs, a de vrais airs de Tour rose, cette remarquable traboule du Vieux Lyon classée au Patrimoine mondial de l'Humanité par l'Unesco..

"Jean-François Merle, nous livre les clés du centre ancien : c'est une grande chance"
La démarche est beaucoup trop rare pour ne pas être louée. Et à la question de savoir si Vienne ne compterait pas trop peu de Jean-François Merle, l'archéologue municipale Monique Zanettacci-Stéphanopoli n'hésite pas à répondre à l'affirmative, sourire en coin: " c'est miraculeux pour cet immeuble, qui était dans un état d'abandon total, et pour le quartier. Il a agi en homme responsable de son héritage familial et du patrimoine viennois ".Jean-François Merle, dès l'aube de son projet, a en fait toujours nourri la volonté d'en faciliter l'accès, après rénovation. "Nous n'en tirons pas une gloriole particulière, mais lorsque l'on a quelque chose qui vaut le coup, c'est dommage de ne pas en faire profiter les autres ", souffle-t-il modestement.
Il compte encore installer un panneau historique et a déjà équipé la maison d'éclairages spéciaux, de codes d'accès pour les guides et même de toilettes publiques De quoi séduire, inévitablement, l'office de tourisme local : "nous allons bientôt rencontrer Jean-François Merle, qui nous livre les clés du centre ancien et nous donne l'occasion d'en découvrir les richesses de ses maisons cachées. C'est une grande chance" , relève Ouarda Taghzaoui, du service des visites.
La découverte de la maison pourrait donc s'inscrire rapidement dans le circuit "Cours et demeures du centre ancien", aujourd'hui limité a "trois cours privées accessibles ". C'est encore peu, mais qui sait : Jean-François Merle fera peut-être des émules...

Philippe FRIEH

(*) Ancien élève de Ponsard  

Le Dauphiné Libéré - 19/12/10

Le veilleur du feu

Rencontre avec Norbert Di Gioia (*), pompier volontaire depuis trente ans et employé communal

BIO EXPRESS
Norbert Di Gioia est né le 30décembre 1956 à Sainte-Colombe, où il a vécu jusqu'à l'adolescence avec ses parents et ses trois soeurs, avant que la famille ne rejoigne le quartier de Saint-Benoît.
En 1972, il quitte le collège Ponsard et entre aux établissements Ginet. Après son service militaire (comme pompiers sur la base aérienne 102 à Dijon), il entre à la mairie de Vienne, dont il dirige aujourd'hui le service stationnement.
Il est sapeur-pompier volontaire au centre de secours principal de Vienne depuis 1981. Il porte les galons de lieutenant depuis le 1er janvier dernier.
Il s'est marié en 1978 avec la Jardinoise Joëlle Seignier. Le couple, aujourd'hui installé à Eyzin-Pinet, a eu deux filles, Estelle et Audrey. Leurs trois petits-enfants Marine, Romane et Léonie doivent être rejoints par un quatrième dans ces prochains jours.



Plutôt bonhomme et jovial, Norbert Di Gioia est aussi un soldat du feu émérite.

"Je ne suis pas un politique, mais je touche beaucoup de mains. Quand je suis sur le marché, je m'arrête tous les vingt mètres pour discuter ".
C'est vrai qu'il n'a pas choisi la vie la plus anonyme, le Norbert. A Vienne, dont il arpente les moindres recoins depuis près de quarante ans, il pourrait même faire figure de monument municipal: "À la mairie, il doit y en avoir deux ou trois qui sont plus anciens que moi ".
Norbert Di Gioia est le patron du service municipal du stationnement. À la mairie, dont il n'a pas tout de suite rejoint la chaleur des bureaux, il a gravi les échelons, construisant une carrière exemplaire qui fait de lui un homme écouté:
"Certains, même plus gradés que moi, viennent régulièrement demander mon avis ".

"Je n'ai pas honte de dire que j'ai nettoyé les WC de la ville"
Le natif de Sainte-Colombe s'est tracé une étonnante trajectoire, s'engouffrant sans même y réfléchir sur les traces paternelles : "Mon père a travaillé au service voirie, puis, au service reprographie. J'ai quitté l'école très jeune, car j'étais nul et je voulais faire comme les copains. A 16 ans et demi, je suis entré dans l'usine de cycles Ginet ".
Au bout de deux ans, durant lesquels il participe au déménagement de cette institution du pays viennois de Pont-Evêque à Estrablin, il rejoint la mairie de Vienne : "Je ne pensais pas à l'époque que j'y ferais toute ma carrière. Mais tout le monde disait que c'était la garantie de l'emploi...

Pour ma première journée de travail, j'avais balayé la place CamilleJouffray après un rallye"...Il débute à la voirie avant d'écumer différents services (assainissement, signalisation routière) : " Je n'ai pas honte de dire que j'ai nettoyé les WC de la ville. Je passais 80 % de mon temps dehors. Le plus dur, c était la peinture routière, car à l'époque il y avait des produits non contrôlés et j'ai eu quelques brûlures d'estomac ! "

"Je n'ai eu que deux patrons Louis Mermaz et Jacques Remiller"
Dans les années 80, "à l'époque des parcmètres ", il est affecté au stationnement (au parking SaintMarcel) avant de prendre du galon quelques années plus tard : " Je n'ai jamais été perturbé par les changements politiques et j'ai toujours fait mon boulot, quel que soit le patron. Cela dit, je n'en ai eu que deux, Louis Mermaz et Jacques Remiller...
Ce fondu de chasse (à la bécasse), amateur de bonne chère, de balade aux champignons et de voyages, consacre néanmoins une bonne partie de son temps libre à sa deuxième activité : Norbert Di Gioia, lors de la dernière Sainte-Barbe des pompiers, s'est vu remettre la médaille récompensant 30 années de services consacrés au sauvetage et au don de soi.


Pompier durant son service militaire, dans l'armée de l'air à Dijon, il n'a jamais raccroché le casque. "J'ai commencé à l'époque du lieutenant Langlais, qui est aujourd'hui le maire de Saint-Romain-en-Gal ".
En 1981, il est officiellement sapeur-pompier volontaire. Depuis, il a vécu dans ce corps très spécial tout ce qu'il y a de meilleur (l'" ambiance ", la " fierté ", l'" envie d'aider les autres "), mais aussi goûté au pire : " Le plus dur, ce sont ces deux enfants morts dans un accident, à Chasse- sur-Rhône."

"Je suis un jeune papy: tout est dans la tête..."
Jamais blessé, toujours disponible, le sapeur Di Gioia a connu quelques montées d'adrénaline, sur le feu de train d'essence de Chavanay (en 1990), ou encore sur l'incendie de l'usine Orlac. Aujourd'hui, il est chef de groupe et dirige les interventions. Avec un brin de nostalgie, parfois " C'est plaisant, mais ça me manque de ne plus prendre de garde avec les copains à la caserne ! "
Entre ses astreintes à la mairie et à la caserne, Norbert Di Gioia est sur tous les fronts.
D'autant que le guerrier n'a plus toujours le temps de se reposer, avec l'arrivée des petits enfants : "Je suis un jeune papy! Tout est dans la tête, et il faut savoir rester jeune..."

 

PhIIIppe FRIEH

Coup de coeur
Coup de gueule

" J'aime aller passer une ou deux soirées au festival de jazz, avant d'aller faire un tour en ville avec les collègues. Il y a une ambiance, comme lors du feu d'artifice à Vienne, lié à Sainte-Colombe. Cela fait cinq ans de suite que je suis chef d'astreinte pour le 14juillet : je suis sur place et j'en profite pleinement "

" Je suis toujours en colère contre les déjections canines que l'on trouve de partout. Je trouve ça inadmissible, d'autant plus que la plupart des gens s'en fichent totalement. C'est comme pour tous ces emballages de restauration rapide que l'on voit traîner partout, dans les rues et jusque sur les chemins "

(*) Ancien élève de Ponsard