Le Dauphiné Libéré - 18/02/11
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Hubert Sagnières(*), au sommet du groupe Essilor |
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Il y a Guy Savoy, Frédéric
Dard, Hector Berlioz, Brahim Asloum, PauI Claudel, ou Pierre Martinet. Des
NordIsérois célèbres dans le monde. Et puis il y a
les autres. Des Nord-Isérois inconnus du grand public mais dont le
savoir-faire s'exporte pourtant depuis longtemps à l'international.
Artisans d'art, musiciens, sportifs, grands managers ou peintres, ils ne
font pas de bruit mais sont pourtant mondialement reconnus pour leur talent. (*) Ancien élève du collège Ponsard |
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L'entreprise de verres correcteurs
Essilor emploie 33 000 personnes dans plus de 80 pays. A la tête de
ce mastodonte de l'optique, un Viennois, Hubert Sagnières. Hubert
Sagnières, 55 ans, est le numéro 2 du groupe, juste derrière
le président Xavier Fontanet. Une ascension incroyable pour cet homme
qui a grandi au bord du Rhône. " Mon père était dans l'armée, ma mère prof au lycée de Saint-Romain-en-Gal, explique-t-il. J'ai grandi à Vienne. Après mon bac, je suis parti dans le nord de la France pour faire une école d'ingénieur. Puis à 23 ans, je suis allé en Polynésie pour créer un business d'emballage plastique. Je suis revenu en France quelques années plus tard et j'ai répondu à une annonce de recrutement d'Essilor, j'ai intégré le groupe comme responsable marketing. Et j'ai gravi les échelons, petit à petit." |
Hubert Sagnières a mis 20 ans pour occuper son poste de directeur
générai et il gère aujourd'hui le groupe à
travers le monde. " J'habite aujourd'hui entre la France et l'Amérique
du Nord. J'ai gardé un appartement à Vienne où vit
toujours mon père." Marie ROSTANG |
Hubert Sagnières est numéro 2 du groupe Essilor, qui emploie 33 000 personnes. Archives DL |
Le Dauphiné Libéré - 21/07/11
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Elie Cartan(*), la racine carrée des mathématiques avancées |
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(*) Ancien élève du collège Ponsard | ||
Il a longuement correspondu
avec Albert Einstein et littéralement exploré un nouvel univers
scientifique. Élie Cartan, né à Dolomieu en 1869, est
une icône microcosmique. C'est-à-dire? La portée de ses travaux est trop complexe pour être comprise du grand public. Mais sa mémoire est encore célébrée par des groupes d'initiés aux quatre coins du monde. La raison : une "avancée historique", selon les spécia-listes, poursuivie ensuite avec le mathématicien allemand Hermann Weyl, sur les groupes de Lie. Même avec de l'aspirine en intraveineuse, impossible de résumer clairement le principe de cette découverte. Ce qu'il faut retenir, c'est que sans lui, les mathématiques modernes et la physique avancée n'existeraient pas. En retour, le lycée de La Tour-du-Pin porte son nom, tout comme l'université de Nancy. Et les notices biographiques et références en anglais sont presque aussi nombreuses qu'en français. Destins croisés Une sacrée destinée, en tout cas, pour un fils de forgeron. C'est à l'école communale de son village nord-isérois qu'Élie se fait remarquer. |
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Thimoté GARCIN |
Aptitudes exceptionnelles, aisance
particulière dans l'univers des chiffres, son instituteur le recommande
à un certain Antonin Dubost. Un jeune délégué
cantonal turripinois, futur président du Sénat. Le pied à
l'étrier, Élie Cartan passe au collège de Vienne, puis
au lycée de Grenoble. Le talent du boursier explose. Lycée
Janson-de-Sailly à Paris, puis en 1888, Normale sup. Sa thèse
de doctorat, en 1894, est accueillie comme une révolution. La suite, c'est l'itinéraire d'un mathématicien à qui tout réussit. Professionnellement, Élie Cartan intègre l'Académie des sciences en 1931. Il enseigne un peu partout, de Lyon à Marseille en passant par la Sorbonne, l'Ecole normale supérieure bien sûr ou l'École supérieure de physique et de chimie industrielles. |
Le Dauphiné Libéré - 27/06/11
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"La vie fait qu'on bouge, mais je reste Viennois!" |
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Directeur artistique de la Société des Bains de Mer de Monaco, Jean-René Palacio organise le Monte-Carlo Jazz festival ainsi que des conrts d'Elton John, Janet Jackson, Sting... et la programmation de l'opéra Gamier de Monaco. A l'occasion du mariage princier (...), il organise deux concerts avec Jean-Michel Jarre et les Eagles. Il est également le directeur artistique de Jazz à Juan-les-Pins. Mais il n'a pas oublié ses débuts à Vienne. Rencontre. | ||
Par quel cheminement
un Viennois devient-il un acteur important de la Principauté de Monaco
pour tout ce qui touche le spectacle, la musique et le divertissement? C'est grâce à des rencontres. Jean-Paul Boutellier, d'abord, qui en me proposant d'être bénévole pour le festival qui se créait, a guidé mes premiers pas dans l'organisation de spectacles. J'ai fait partie de la garde rapprochée de Jean-Paul, ou de ses 'âmes damnées"... A l'époque, les bénévoles faisaient tout, de l'affichage aux changements de plateaux. Et puis Jacques Dorland qui était à France Inter m'a suggéré de postuler et je me suis retrouvé à Radio France Isère. En 1999, j'ai posé ma candidature à la direction artistique des Bains de Mer (SBM) et depuis je gère une équipe de cinquante personnes. Et votre arrivée à Juan-les-Pins, le plus ancien festival,
créé en 1961 ? |
Quels sont vos rapports ? Votre entente a donc pris une dimension internationale? |
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Et vous revenez chaque année à Vienne?
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Né en 1953 on Algérie, arrivé en 1959 à Vienne où ses parents ont tenu un commerce rue Joseph-Brenier. Etudes à Ponsard, Saint-Romain-en-Gal, puis à l'institut d'études politiques de Lyon. Vendeur à la "Source Musicale", rue Ponsard. Animateur à Radio France Isère puis directeur de programmes. Collaboration à France 3. Directeur du "Summum" de Grenoble pendant 10 ans. Recruté en 1999 à la Société des Bains Mer de Monaco. Directeur artistique de Jazz à Juan depuis deux ans. |
Le Dauphiné Libéré - 29/06/11
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Un Isérois "chef d'orchestre"des concerts princiers |
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Joli symbole, en plein
festival Jazz à Vienne (Isère), c'est un Viennois qui jouera
les chefs d'orchestre du mariage princier en organisant le volet musical
des festivités. Organiser dans le port de Monaco un concert de Jean-Michel Jarre. Voilà l'un des défis de Jean-René Palacio. Photo PQR |
Directeur artistique de la Société des bains de mer (SBM)
de Monte-Carlo, le Viennois Jean-René Palacio a fait ses débuts
dans l'organisation de spectacles comme bénévole au festival
de Jazz à Vienne.La SBM gère hôtels, casinos, thermes
et opéra de la principauté et Jean-René Palacio organise
avec son équipe de 50 personnes toute la partie "entertainment"
de ces établissements de luxe. |
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Jean-René Palacio organise les deux grands concerts du mariage princier. Photo DL |
Le Dauphiné Libéré - 25/07/11
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Les vieilles pierres lui doivent tant |
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Gabriel Chapotat (1908-1994) est issu d'une vieille famille viennoise. Enseignant de 1928 à 1960, il intègre jusqu'à sa retraite, en 1973, les rangs du CNRS. Sa notoriété de savant et d'historien n'est plus à faire. L'homme, plutôt réservé, est moins connu. Très dévoue, Gabriel Chapotat, décoré durant la Seconde Guerre mondiale et prisonnier durant seize mois, créa en 1943 et présida le centre d'entraide des prisonniers de guerre de Vienne (il coprésida même la fédération nationale avec un certain... François Mitterrand). Après la guerre, il s'occupa du comité local d'accueil des enfants espagnols et fut assesseur du tribunal pour enfants de 1945 à 1955. | ||
Avant que le jazz ne vienne allonger
la gamme de sa notoriété, Vienne a longtemps forgé
sa renommée sur la richesse de son passé. Et c'est l'un de
ses fils qui, dans la seconde moitié du XXe siècle, contribua
sans doute le mieux à faire du sous-sol viennois le glorieux étendard
de la ville. Gabriel Chapotat, le père de l'archéologie moderne en Nord-Isère, fut le digne descendant des Nicolas Chorier, Pierre Schneyder ou Étienne Rey. Les premières grandes opérations de fouilles, à Vienne et notamment aux abords de la pyramide puis au théâtre antique, remontent il est vrai à l'époque où le futur savant-historien faisait ses premiers pas, début XXe. Mais Gabriel Chapotat, né en 1908, est certainement celui dont l'histoire locale retiendra le plus sûrement le nom, tant elle lui doit beaucoup. Un pionnier dans une science balbutiante Professeur d'histoire-géographie au collège Ponsard, il fit partie des pionniers de l'archéologie: "Il a tout appris par ses propres moyens. |
Il a commencé ses premières fouilles avec ses élèves, quelque chose d'inimaginable aujourd'hui ", raconte son fils Bernard, qui se souvient des week-ends en famille à gratter les vestiges.Gabriel Chapotat, décrit par son ami François Renaud comme "un professeur éminent, un savant authentique et un homme qui impose le respect ", se bat alors contre des moulins, à une époque où l'archéologie n'est qu'une science balbutiante, peinant à trouver des financements.Particulièrement attaché à la période gauloise, il multiplie les écrits, reçoit des spécialistes de l'Europe entière et intègre les rangs du CNRS (centre national de recherches scientifiques) en 1960. |
À Vienne, l'auteur des fouilles sur le dépôt de Sainte-Blandine
et de la nécropole romaine de Charavel, à Estressin, fonde
le centre de restauration et d'études archéologiques municipal
de Vienne, en 1962, qui fait toujours référence aujourd'hui... Sur les traces des routes oubliées Philippe FRIEH |
Le Dauphiné Libéré - 14/08/11
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Un témoin pas comme les autres |
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Viennois d'origine, Albert Pétrequin
est né le 17 novembre1921. Parti au combat peu avant ses 18 ans, il a tout de même passé le bac de philosophie, retardé par l'actualité. À son retour de la guerre, il s'est occupé du reste de l'exploitation familiale, avant de tomber éperdument amoureux d'une jeune parisienne. En se rapprochant d'elle, il devient agent technique agricole, prés de la capitale avant d'épouser Françoise en juin 1951. Par la suite, ils auront quatre enfants. Redescendu dans la région -Drôme-Isère où il poursuit son élevage bovin, il change de cap en 1969 et devient animateur de formation dans le domaine des relations interpersonnelles des entreprises. Désormais retraité, il offre son témoignage en intervenant dans les classes de 3e et préside la FNDIRP, à Vienne, depuis 2005-2006 |
Je n ai pas le temps
de vous expliquer mais... " Voilà une des expressions récurrentes
qui ont ponctué cette rencontre avec Albert Pétrequin. Car
des souvenirs, il en des tas à raconter. Son histoire, cet ancien
combattant de la Deuxième Guerre mondiale en témoigne depuis
plus de 15 ans aux jeunes générations. Il n'avait pas 18 ans lors que le maréchal Pétain voulut renoncer au combat le 19 juin 1940. Profondément déshonoré, Albert Pétrequin eut un déclic dans la débâcle générale et sut qu'il fallait partir au combat. Quelques heures plus tard, il rencontrait un régiment de Spahis à la gare de Vienne et s'engageait au sein du 6e Régiment Spahis Algérien (RSA). La suite de son histoire oscille entre événements tragiques et moments marquants qui, parfois, arrivent même à provoquer un sourire. "L'homme n'est pas fait pour être privé de sa liberté d'aller et veni ". La difficulté, Albert Pétrequin connaît bien. Mais lorsqu'il traverse clandestinement l'Espagne et se fait emprisonner à Pampelune, il découvre l'atrocité des conditions de détention et la cruauté de l'emprisonnement" L'Homme n'est pas fait pour être privé de sa liberté d'aller et venir. La prison, c'est inhumain", confie-t-il. |
"Nous sommes souvent inhibés par la certitude de ne pas savoir" Les souvenirs, il les partage aussi, depuis une vingtaine d'années,
au sein de la Fédération nationale des déportés
et internés résistants et patriotes (FNDIRP), qu'il préside
depuis cinq ans. Noémie MABlLON |
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À l'aube de ses 90 ans, Albert Pétrequin se souvient précisément des cinq années de combat qu'il a menées durant la Deuxième Guerre mondiale et continue de témoigner auprès des jeunes générations. | ||
Finalement, quelques semaines plus
tard, il vivra le plus beau jour de sa vie, en signant son engagement volontaire
au sein des Forces Françaises Libres (FFL), en juillet 1943. Comme beaucoup d'autres moments, ce souvenir est gravé dans sa mémoire avec précision. C'est pourquoi, au gré du récit Albert Pétrequin n'hésite pas à se laisser aller à quelques silences, se remémorant ces instants, souvent emplis d'émotion. Et s'il a fait le choix de n'éditer ni livre ni document public, c'est avant tout par respect de cette intimité. Il ne souhaite pas trahir cette histoire mais préfère en témoigner en personne aux élèves de 3e qu'il rencontre dans les 5 collèges de la région. Souvent ébahi par la réaction de ces jeunes générations, curieuse et passionnées, il précise d'emblée qu'il n'est ni professeur, ni historien mais un témoin. Et il ajoute souvent: " Je suis une mine. Et cette mine, il faut l'exploiter avant qu'il n'y ait plus de minerai. " |
Coup de coeur
"Je ne peux pas dire autre chose que la profonde admiration que je porte aux jeunes que je rencontre, lorsque je témoigne dans les collèges. J'admire leur réaction, leur spontanéité et les questions passionnées de ces enfants face à mon témoignage. Je sens que je réponds à un besoin. C'est une grande joie." |
Coup de gueule
"L'injustice de la société. Je suis excédé face à l'injustice de la naissance, car il suffit d'être né dans telle ou telle famille pour avoir plus ou moins accès à la culture, à la connaissance, au confort. La rigidité de la vie est insupportable. Il est incroyable de voir que certains ne savent toujours pas lire ni écrire." |
Le parcours d'un combattant, de juin 1940 à mai1945 |
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Son besoin de combattre s'est imposé
le 19 juin 1940, lorsque le maréchal Pétain a annoncé
vouloir rendre les armes. Pour Albert Pétrequin, cette décision
était une atteinte profonde à son honneur. Alors, quelques heures plus tard, il s'est engagé au sein du 6e régiment Spahis Algérien. Son premier combat, il l'a vécu à Sarras, les 23 et 24 juin 1940. Par la suite, il s'est rallié au réseau de résistance des Hautes-Alpes, en 1942, avant de préparer de faux papiers pour partir clandestinement vers l'Algérie. Arrêté et emprisonné en Espagne en février 1943, il sera détenu durant quatre mois, puis expulsé au Portugal... il a ensuite traversé le Maghreb du Maroc à la Libye, avant de signer son engagement au sein des FFL, en juillet 1943. Durant plusieurs mois, avec ses camarades, ils ont préparé le futur débarquement avec le matériel américain puis sont montés à bord du Capetown Castle en 1944, à destination de l'Angleterre. Chaleureusement reçues par les Anglais, les troupes ont libéré Paris le 25 août 1944 avant de rejoindre les Vosges, puis Strasbourg. Le 19 novembre 1944, Albert Pétrequin est grièvement blessé par une balle explosive dont il reçoit 40 éclats près de la carotide. Interné à l'hôpital américain de Dijon, c'est là-bas qu'il apprendra la libération de Strasbourg. Après une permission de convalescence de plusieurs mois à Vienne, il est finalement reparti le 3 janvier 1945 en Lorraine pour continuer le combat. |
Le 1er mai, Albert Pétrequin
se souvient avoir passé le Rhin pour arriver en Allemagne. il assistera
à la reddition allemande le 7 mai 1945. Le retour à la vie
civile sera très difficile, au vu des blessures (amputations, malformations,
etc.) et des nombreux décès constatés chez ses camarades,
encore jeunes mais mutilés. N.M. |