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Le Dauphiné Libéré - 26/09/15 

Une place, plusieurs vies

Aujourd'hui transformé en parking, le parvis de la mairie a eu de nombreux destins

Si en quelques mois, le parvis de l'Hôtel de ville a connu de multiples vies, la dernière en date, la création d'une vingtaine de places de stationnement a provoqué quelques interrogations. Retour sur l'histoire de cette petite place symbolique.
En mai 1870, quelques années après la mort de François Ponsard (1814-1867), on inaugurait la statue de l'écrivain devant l'Hôtel de ville.
"On a l'impression de se retrouver trente ans en arrière. Heureusement, ce n'est que provisoire" En voyant des véhicules stationner à nouveau devant l'Hôtel de ville, certains Viennois n'ont pu s'empêcher de penser aux vicissitudes qu'a connu cette place depuis un siècle et demi…
C'est en mai 1870, quelques années après la mort de François Ponsard (1814-1867), que l'on inaugurait la statue de l'écrivain devant l'Hôtel de ville, juste avant la déclaration de guerre. Ce monument était dû à la libéralité du prince Jérôme Napoléon.

La statue au triste destin
il paraît que cette statue épouvanta plusieurs générations d'enfants, comme nous l'a relaté un jour une lectrice qui, enfant, demeurait dans le quartier: "Cette statue me f ai-sait une peur affreuse car, lorsque je n'étais pas sage, mes parents me menaçaient : "Si tu continues, on va faire monter Ponsard pour te punir!" Le brave Ponsard, méditatif sur son socle, relégué au rang de croque-mitaine, voilà qui est plutôt insolite... Mais cette statue eut un bien triste destin puisque, sous l'Occupation, le 25 juin 1942, les Allemands s en empareront pour la faire fondre et récupérer le bronze. Le socle resta donc vide quelque temps mais fut témoin d'un épisode peu connu : le 1er septembre 1944, lors de la libération de Vienne, les premières troupes de résistants arrivèrent place Saint-Louis et un petit groupe se dirigea vers la mairie. L'un d'entre eux, le jeune René François (futur professeur de médecine), grimpa sur le socle
devenu inutile et entonna "La Marseillaise" qui fut reprise en choeur par toute l'assistance.

Jean-Yves ESTRE


Sous l'Occupation, le 25juin 1942, les Allemands s'emparèrent de la statue pour la faire fondre et récupérer le bronze.

Après la guerre, l'État offrit à la ville un autre monument pour remplacer la statue disparue. On la trouve aujourd'hui au boulevard Eugène-Arnaud.

LA FAUSSE VIERGE BALADEUSE
Après la guerre, l'État offrit à la ville de Vienne un autre monument pour remplacer la statue disparue. On l'inaugura le 14 juillet 1950. OEuvre du sculpteur Claude Grange, c'était une femme voilée symbolisant la tragédie et l'écrivain n'y figurait plus qu'en médaillon, ce qui explique que parfois, des Viennoises fort dévotes venaient s'agenouiller devant pour prier celle qu'elles croyaient être la Vierge Marie. Un quart de siècle plus tard, la municipalité de Louis Mermaz estimant qu'elle gênait les automobilistes dans leurs manoeuvres pour stationner, décida de l'exiler boulevard Eugène-Arnaud, près de la sous-préfecture, où elle se trouve toujours.

Les différents visages

CULTURE Un "parquet" de danse
La place a souvent été utilisée par les amateurs de danse. D'abord en 2012 avec une flash mob lors de Jazz à Vienne. Puis, cet été, toujours dans le cadre du festival, avec un défilé des enfants des centres sociaux.
SPORTS Un tournoi de basket
Cet été, la MJC de Vienne, l'association Manzanillo, l'AV et le centre social de la vallée de Gère avaient installé devant la mairie plusieurs terrains de basket.

Pots de fleurs
Enlevés au début de l'été les pots colorés géants avaient remplacé, il y a quelques années, un très beau parterre de fleurs devant lequel les nouveaux mariés aimaient se faire photographier.
Un parking
Depuis le mois de septembre, le parvis est transformé en parking afin de remplacer les places supprimées dans le cadre du projet du parking souterrain (voir par ailleurs).
Pourquoi un parking?
Les places de stationnement sur le parvis de la mairie ne seront qu'éphémères, le temps des travaux du parking souterrain de la place François-Mitterrand. "Il n'est pas question de laisser ensuite le parvis en stationnement. Nous allons mener un travail avec un architecte afin de redessiner les lieux, que ce soit pour le parvis ou pour la place François-Mitterrand ", a expliqué le maire. " C'est un espace déterminant pour le commerce viennois et il faudra le valoriser une fois le parking réalisé ".
DU PARADIS AU PARVIS
Si l'on a coutume de parler du parvis qui s'étend devant l'Hôtel de ville, il s'agit en réalité d'un abus de langage puisque ce terme est normalement réservé à l'espace s'étendant devant une cathédrale. Rien d'étonnant à cela puisque le mot " parvis " est la déformation du latin ecclésiastique " paradisus".

Le Dauphiné Libéré - 08/10/15 

Vingt lieues sur le vieux Rhône

Gérard Gouilly(*) a regroupé des cartes anciennes

Quand il publia l'an dernier son recueil de cartes postales anciennes intitulé Vienne et le Rhône", Gérard Gouilly confiait avoir encore de très nombreux documents illustrés sur le fleuve, dès lors on attendait la parution d'une suite. C'est chose faite puisque les éditions Morel publient Vingt lieues sur le vieux Rhône, de Vienne à Valence".
Au fil des cartes anciennes puisées dans la très riche collection de l'auteur, on effectue ainsi une promenade depuis la Tour des Valois à Sainte-Colombe, dont la ressemblance est frappante avec la Tour de Philippe-le-Bel à Villeneuve lès-Avignon, un cliché en fait foi.

Voyage dans les souvenirs
Gérard Gouilly fait aussi revivre le passé de Saint-Cyr ou d'Ampuis, relié à la rive gauche par le bac à traille de Reventin. Parfois, le ton de l'auteur se fait plus personnel, évoquant des souvenirs d'enfance ou d'adolescence sur les coteaux dominant le fleuve. Condrieu, Les Roches, Saint-Clair, Saint-Alban, Saint-Maurice-l'Exil, Saint-Pierre-de-Boeuf, Serrières sont quelques-unes des escales proposées aux lecteurs. Jusqu'à Valence, ils naviguent en compagnie des laboureurs du Rhône", des jouteurs et des radeliers conduisant leur chargement de troncs d'arbres parfois fort volumineux. Et bien entendu sont également évoquées les grandes crues du Rhône, notamment celles de 1840, de 1856, de 1896... Arrivé à Valence et au terme de son livre, Gérard Gouilly fait remarquer: "Arles et Port-Louis sont encore bien lointains, il reste cinquante lieues pour arriver au terme de notre décize fluviale, Si la Tarasque et le Drac ne nous font pas un mauvais sort!"
Ce sera peut-être la matière d'un troisième ouvrage. En tout cas, les Viennois qui s'intéressent à leur patrimoine l'espèrent.


Après l'histoire des trains et de la garnison de Vienne, Gérard Gouilly s'intéresse au Rhône, le "fleuve-roi".



La Tour des Valois vers 1800, d'après une gravure ancienne

(*) Ancien élève de Ponsard