J'ai vu Ben Bella ce matin (*)

Avril 1960. La guerre qui ne veut toujours pas dire son nom perdure. Pierre qui vient d'effectuer un séjour 'culturel' de vingt-sept mois sous l'uniforme, en Algérie, reprend après sa démobilisation, un poste d'instituteur dans une école voisine de la base aérienne qu'il vient de quitter.
L'auteur, dans ce récit-témoignage, nous fait vivre le quotidien de Pierre et de sa famille, de 1960 à 1966, dans un village de colonisation, petit havre de paix relative, dans une Algérie sujette aux soubresauts de la guerre. Son aide à un de ses anciens camarades de service militaire devenu après sa libération, conseiller technique auprès du Garde des Sceaux de l'époque, à organiser en France des camps de vacances d'été pour les adolescents de son village, le met en relation indirecte avec le plus célèbre prisonnier algérien du château de Turquant.
19 mars 1962 : les accords d'Evian mettent fin aux combats entre l'A.L.N. et l'Armée française, mais ce n'est qu'un leurre, car une lutte sanglante sans merci s'étend dans la plupart des villes, entre l'O.A.S. et le F.L.N., instituant un climat de terreur dont sont victimes de très nombreux innocents.
Juillet 1962, Pierre promet aux habitants du village de revenir à la rentrée, si cela est possible.

S'ouvre alors une nouvelle période, dans le cadre de la coopération entre les deux pays. Pierre et sa famille y trouvent leur place, en tant que Français, et malgré le lourd contentieux qui existe entre les deux pays, l'accueil est chaleureux. Selon les Algériens, il y a alors trois catégories d'habitants dans cette Algérie nouvelle indépendante : les Algériens, les étrangers et les Français. Les coopérants ont l'occasion de le vérifier maintes fois.
L'auteur nous décrit aussi l'attachement indéfectible des populations pour l'école et la considération qu'elles témoignent à ces enseignants français, au détriment parfois, ce qui peut paraître paradoxal, des maîtres coraniques
('*) 272 p - Éditions l'Harmattan - Paris (2011)