QUATRE CENTS ANS D'HISTOIRE... |
Bâti au coeur de la cité,
lieu cléricalisé à l'origine, véritable sanctuaire,
clos et protégé pendant trois siècles, le Collège
de Vienne fut aussi le creuset de l'École de la République
et de l'identité nationale. Il est aujourd'hui devenu un lieu emblématique,
point de repère de générations de Viennois.
Le 27 février 1604, au terme de longues démarches, le Roi Henri IV signa les Lettres Patentes autorisant la construction d'un nouveau collège, devenu indispensable, et d'en confier la direction pédagogique aux Jésuites, qui s'installaient un peu partout en France (Lyon, Tournon) et devenaient ainsi la meilleure arme de la Contre-Réforme. La construction commença deux ans plus tard et s'acheva en 1622, date de l'installation définitive des Pères Jésuites. Quant à l'église qui jouxte le collège, sa construction prendra près d'un siècle puisqu'elle ne sera terminée qu'en 1725. Jusqu'en 1763 et leur expulsion de France, les Jésuites marquèrent profondément l'histoire du collège, par la discipline, les exercices rhétoriques, le théâtre et, bien entendu, l'enseignement du latin. Après la confirmation de l'existence du collège par Louis XV, en 1766, les prêtres séculiers et les Oratoriens qui dirigèrent le collège (comme le Principal Benoît Magnard) restèrent relativement fidèles à l'esprit des Jésuites. À la Révolution le Collège est menacé car il est assimilé à une congrégation religieuse et ses biens sont vendus. Il devient pourtant Institut National en 1793 puis Ecole Centrale. Deux grandes figures dominent cette période: l'abbé Pessonneaux, auquel on a attribué le septième couplet de " La Marseillaise ", et surtout Pierre Schneyder, fondateur de l'École de Dessin et créateur du Musée de Vienne. Ses effectifs continuant régulièrement
de baisser, le Collège évite de peu la fermeture, notamment
en 1808 et 1838. Mais chaque fois le phénix renaît de ses
cendres... Après quelques aménagements sous la Monarchie
de Juillet, la municipalité viennoise de Camille Jouffray décide,
en 1886, de rénover et d'agrandir le collège, en construisant
notamment toute l'aile Nord. Le Collège de Vienne devient alors
un établissement de référence, justement réputé
et fréquenté par les élèves de toute la région.
Mais le titre plus noble de Lycée lui est encore refusé. En 1912, le Collège prend le nom d'un de ses plus illustres anciens élèves : le poète et dramaturge François Ponsard, de l'Académie Française. La guerre de 14-18 marque un coup d'arrêt et le collège est transformé quelque temps en hôpital militaire complémentaire. Après la guerre, les effectifs ne cesseront de croître, passant de 200 élèves environ dans les années 20, au double après la guerre de 39-45, et à près de mille, à la fin des années 50, lorsqu'il devient enfin lycée. Redevenu collège en 1971 avec la création du Lycée de Saint-Romain-en-Gal, il accueille environ 800 élèves, en moyenne. Il a été entièrement réhabilité grâce à d'importants travaux, de 1990 à 1997. PIERRE DOMEYNE |
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Vue de Vienne,
vers 1619 (B.N.F., Cabinet des estampes) |
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Dessin de la façade du Collège
par Étienne Martellange, 1606
(B.M. de Vienne) |
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Représentation d'une tragédie
donnée au Collège en 1682
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Pierre Schneyder (1733-1814), fondateur
del'École de Dessin et du Musée de Vienne
(Musée de Vienne) |
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Abbé Pessonneaux
(1761-1835), profeseur de Réthorique au Collège, et auteur présumé du septième couplet de "La Marseillaise" (Musée de Vienne) |