La fête du Collège en 1955

Humulus le muet (Jean Anouilh)
Dom Juan (Molière)

Représentés au Théâtre Municipal de Vienne le 5 mai 1955

Article du Dauphiné Libéré (6 mai 1955)
Les Collégiens de Ponsard ont bien servi
Jean Anouilh et Molière

La fête du Collège est une tradition. Il faut en savoir gré à celui qui en est le mainteneur : le professeur Jean Dutrait. C'est à lui qu'il appartient de guider les élèves dans le choix des œuvres, de les diriger, d'assurer les répétitions et de monter un spectacle chaque année plus intéressant et plus réussi.
Cette fois, on a fait appel à Anouilh et à Molière. Jeunes collégiens et jeunes collégiennes ont réussi le tour de force de servir l'un et l'autre avec un égal succès et une même intelligente compréhension.


HUMULUS LE MUET

Jean Anouilh a brossé là une excellente pochade en quatre tableaux. L'action se déroule dans une aristocratie périmée et ridicule. La Duchesse (Nadia Granier, excellente dans son rôle), et à côté d'elle, l'oncle Hector (Gilbert Roche, très "Baron"...), grand hobereau ridicule, reçoit les vœux de son petit fils, Humulus, muet, qui ne prononce qu'un mot par jour. Humulus est très bien incarné par M. Prudhomme.

Les interprètes d'Humulus le muet

 


"Voulez-vous répéter, s'il vous plaît ?"

Au premier tableau Humulus, suivi du gouverneur (bien joué par Michel Grenier), dit... "Merci !" au domestique qui ramasse le bouquet qu'il a fait tomber.
Au deuxième tableau, répétition mécanique de la présentation des vœux, un an plus tard. Cette fois, de connivence avec le gouverneur, Humulus fait lire un texte expliquant qu'il est amoureux d'Hélène (la charmante Danièle Juvin). Scandale !
Enfin, Humulus fait sa cour à Hélène, et quand il a fait sa belle déclaration en trente mots - il ne peut faire d'avantage - Hélène lui dit, sortant un cornet acoustique, : "Je n'ai rien entendu, voulez-vous répéter, s'il vous plaît ?"
Farce cruelle, à laquelle prêtent encore leur jeune talent : Michelle Barriac, Josette Brussoz, Claude Paret, Marc Sartre et Robert Laty.

DOM JUAN


Les interprètes de Dom Juan

Tartuffe, avec quoi Molière s'était attaqué à l'hypocrisie religieuse, avait été interdit après sa seule représentation. Molière se hâta de bâtir une nouvelle pièce pour faire vivre sa troupe : ce fut Dom Juan, qui fut joué le 15 février 1665.
Molière s'attaque à nouveau à l'hypocrisie chez un grand seigneur cette fois, qui ne respecte rien ni personne pour satisfaire son plaisir, mais qui ne néglige pas de défendre l'opprimé, et qui a belle allure. Il peut tout se permettre parce qu'il possède l'autorité du nom et du rang social. Au XVIIe siècle n'existe pas la loi démocratique qui, tant bien que mal, rend égaux les hommes devant elle.


Dom Juan
(Gérard Thouy)

Incarné superbement et cyniquement par Gérard Thouy, Dom Juan représente malgré son cynisme monstrueux, la morale naturelle chère à Molière. C'est Sganarelle (rôle dans lequel brille particulièrement René Itier), son domestique qui représente la morale conventionnelle ; or il est simpliste, superstitieux et assez pleutre !
Il faut ici réunir dans les mêmes compliments les autres acteurs : Claude Journet (Elvire), Robert Gillouin (Gusman), Gilbert Roche (Dom Carlos), Alain Deviegre (Dom Alonzo), Jean-Pierre Carrias (Dom Louis), Marie Ohanian (Charlotte), Nadia Granier (Mathurine), Alain Roux (Pierrot), Alain Deviegre (la statue du Commandeur), Claude Paret, Robert Laty, Michel Grenier, Marc Sartre, Josette Brussoz et Michelle Barriac.
Comédie farce, comédie psychologique émouvante, Dom Juan est le drame du séducteur qui se croit tout puissant, et aussi la satire de l'hypocrisie de la société.
Les jeunes interprètes, sous les applaudissements de leurs camarades enthousiastes, ont réussi à donner à Dom Juan l'allure moderne que l'œuvre mérite dans le découpage très cinématographique de l'action.

J. Bouvard


Sganarelle
(René Itier)