A lors que l'on s'apprête
à célébrer ce week-end la littérature
populaire et policière, évoquons un auteur, Viennois
éphémère, qui fut le rival et l'ami de
Gaston Leroux, créateur du célèbre Rouletabille
: Michel Zevaco, qui fut un temps professeur au collège
Ponsard (lequel naturellement ne portait pas encore ce nom).
Né à Ajaccîo en 1860 mais demeurant à
Privas, il avait fait ses études au lycée Saint-Louis
et, baccalauréat en poche, avait sollicité un
poste de professeur: ce fut le collège de Vienne.
Il arriva le 15 juin 1880 (un mois et demi avant la fin des
cours) pour prendre en charge la classe de cinquième,
une quinzaine d'élèves auxquels il était
chargé d'enseigner le grec, le latin, le français,
l'histoire et la géographie.
Inexpérimenté, le jeune Zevaco ne répondit
pas exactement à ce que l'on attendait de lui puisqu'un
rapport administratif, signé du recteur, notait sévèrement
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"Pas assez de
soin pour préparer les classes, ni pour corriger les
devoirs (...) N'obtient pas assez de travail.
Sans doute, l'enseignement n'intéressait que médiocrement
Zevaco.
Il pensait déjà à la litterature, envoyant
des textes à la presse de la capitale. De plus, il s'intéressait
à la politique et fréquentait les milieux anarchistes
du quartier Saint-Martin, notamment le "Cercle des Indignés"où
il rencontra le Bossu, autrement dit Pierre Martin, l'un des
meneurs du mouvement libertaire
La belle teinturière
Enfin, militant anarchiste ou pas, on n'en est pas moins homme
et Zevaco n'était pas de bois.
Ce jeune homme seul, qui logeait à l'hôtel Cluzel,
rue des Orfèvres, avait fait la connaissance d'une
belle teinturière qui tenait boutique rue Clémentine.
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Un beau jour il l'enleva et le couple s'enfuit vivre ses
amours clandestines à Lyon. En désespoir de
cause, le mari, un certain Boulvray, s'en plaignit au principal
du collège.
On était à la rentrée de septembre 1881
et l'affaire fit grand bruit. Edouard Girerd, le maire de
l'époque s'en émut d'autant plus que l'infortuné
époux était une notabilité qui siégeait
au conseil municipal.
Girerd, donc, saisit le recteur, qui à son tour demanda
au ministre la révocation du. professeur séducteur,
lequel, de son côté, ne souhaitait pas reprendre
son service à Vienne.
C'est ainsi que s'acheva la courte carrière pédagogique
de Zevaco.
Bien des années plus tard il devenait célèbre
en publiant Pardaillan (1907).
Quant à notre compatriote, la belle madame Boulvray,
on ne sait ce qu'elle devint.
Françoise PUISSANTON
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